Une rescapée du camp de concentration de Ravensbrück témoigne à l'IESPP de Mons

Une rescapée du camp de concentration de Ravensbrück témoigne à l'IESPP de Mons

Ce vendredi 19 avril, les élèves de 4ème Techniques sociales, Animateur.trice et Aspirant.e nursing de l'IESPP de Mons ont assisté à une animation sur le devoir de mémoire.
Dans un premier temps, Monsieur Michel Descamps, coordinateur de Hainaut Mémoire, est venu expliquer aux élèves la montée du nazisme à l’aube de la seconde guerre mondiale.
Pour entamer le sujet, un pyjama rayé a été exposé dans la classe. Mais d’où vient ce pyjama ? Que représente-t-il ? Quelle est son histoire ?

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Les élèves l’ont bien compris, c’est une tenue de déporté de la période nazie, qui a fait son apparition dans les camps de concentration à partir de 1935.
Mais qu’est-ce que le nazisme ? Quand a-t-il débuté ?
Monsieur Descamps a raconté l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler en 1933, suivie de l’émergence des camps de concentration en Allemagne, où les opposants au pouvoir d’Hitler étaient enfermés, mais également les homosexuels, les tziganes, les asociaux, les exilés espagnols, les juifs, … Chacun se voyait alors décerner un triangle de couleur, selon son origine.

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Nos élèves ont également reçu des informations sur le début de la guerre, avec l’envahissement de la Pologne par l’Allemagne en 1939, suivi ensuite de l’envahissement des autres pays limitrophes et le début des très nombreuses exécutions par balle.

 

En janvier 1942, les nazis décidèrent de mettre au point « la solution finale », qui consiste en l’extermination des juifs, avec la création de 6 centres d’extermination, en Pologne, pays où se trouve la plus grande communauté juive en Europe, dont le camp d’Auschwitz-Birkenau, qui servira à la fois de camp de concentration et de centre d’extermination.
Les résistants, qui faisaient du sabotage, du renseignement, qui cachaient des juifs, des soldats, étaient également assassinés ou déportés.


Ce fut d’ailleurs le cas d’Emmanuel, le frère de Madame Anne Megens, notre 2ème intervenante.
Anne Megens, bruxelloise d’origine, avait 15 ans au début de la guerre. Tout juste diplômée institutrice, elle fut arrêtée à 19 ans, en janvier 1944. Juive ? Non. Prisonnière politique, pour avoir aidé son frère avant qu'il ne soit assassiné à tout juste 25 ans. Après 6 mois passé au sein de la prison de Saint-Gilles, elle fût déportée en Allemagne, à Ravensbrück, camp exclusivement réservé aux femmes. Dans ce camp de concentration, 132 000 femmes furent déportées et plusieurs dizaines de milliers y perdirent la vie.
Anne Megens survécut. Aujourd’hui, à bientôt 100 ans, elle est venue à l’IESPP de Mons pour raconter son histoire, son combat de résistante et ses conditions de détention aux élèves, durant plus d’une heure.

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Durant 9 mois, entre 1944 et 1945, c’est dans un baraquement qu’elle (sur)vécut, avec 21 autres femmes, dormi sur un lit en bois avec un peu de paille et une couverture de coton, vêtue d’une simple robe lignée de prisonnière, et d’une culotte "de grand-mère".
Une semaine sur deux, réveillée à 4h30 du matin pour aller à l’appel, recevoir sa ration de pain avant de rejoindre l’usine de munition à pied, entourée de gardes et de chiens. La semaine suivante, le même travail, de nuit.
Sa mission ? Pousser des chariots de munitions dans un premier temps, puis travailler dans un atelier pour viser des douilles. Faire ce travail pour l’armée allemande, pour rester en vie.
Entre femmes, la solidarité s’est installée, afin de partager leur faible ration de nourriture. Lors des froides nuits d’hiver, il fallait d’ailleurs partager son lit pour se réchauffer, sans se faire attraper par les gardes, sous peine de sanction. Un hiver sans eau, à cause des canalisations gelées où elles ne purent se laver. Le papier toilette était évidemment inexistant, et les rations de nourritures diminuaient petit à petit.
9 mois. 9 mois, jusqu’à une libération en avril 1945. Elle est ensuite rentrée en Belgique, devenue institutrice puis directrice d’école.


Son message aujourd’hui, pour nos jeunes ? Soyez bons, soyez humains, soyez indulgents, tâchez de comprendre tout le monde, pensez aux misères des autres. Et surtout, tâchez à ce que la démocratie actuelle reste ce qu’elle est.


Durant les 4 derniers mois de la guerre, de janvier 45 à mai 45, il y aura eu plus de morts dans les camps de concentration que de 33 à 44. Les rescapés de ces endroits se font de moins en moins nombreux et les témoignages de plus en plus précieux. Grâce à cette rencontre, nos jeunes pourront, à leur tour, devenir des passeurs de mémoires.

 

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